Défendre le papier, un enjeu moral et marketing
Lorsque Michel-Edouard Leclerc annonce que son enseigne a pour objectif la suppression définitive des prospectus en 2020, tout le monde applaudit, tant le papier est devenu un symbole de la destruction de la nature par des industriels irresponsables, et ceci à tous les niveaux de la société : à l’école, les enfants dessinent (sur du papier) le triste destin des chênes centenaires que l’on abat ; au bureau, nous faisons suivre nos courriels de la mention « pour préserver l’environnement, n’imprimer que si cela est vraiment nécessaire » ; dans les directions de la communication, on tremble à l’idée d’être critiqué pour avoir imprimé un magazine client ou un rapport annuel …
Face à tant d’émotion, l’association Culture Papier réagit en communiquant des informations qui doivent nous faire réfléchir : selon l’Ademe, la production de papier est à l’origine de la plantation de 500 000 hectares de forêt supplémentaires en France en 10 ans seulement, soit la surface du département des Bouches-du-Rhône ou de l’île de Bali ; le papier est le seul support qui soit issu de ressources renouvelables, biodégradables et recyclables jusqu’à 5 fois ; enfin, avec 60 % des papiers et cartons recyclés, c’est aussi la matière première actuellement la mieux recyclée en France. Bien sûr, le papier n’est pas exempt de critiques, mais il faut bien reconnaître qu’il est beaucoup plus attaqué que l’Internet dont les besoins en énergie représentent déjà 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit l’équivalent du trafic aérien mondial !
Lorsque les professionnels de la communication n’ignorent pas ces données (ce qui est rare), ils font semblant de ne pas les connaître par peur de ne pas apparaître comme suffisamment responsables. Or, c’est en agissant ainsi qu’ils ne sont pas responsables, si l’on considère que leur premier impératif professionnel est d’utiliser les supports les mieux adaptés à leurs messages et à leur cible. Si les catalogues et mailings imprimés reviennent en force malgré cette mauvaise image et un coût supérieur à l’Internet, c’est bien parce qu’ils sont efficaces pour faire connaître et vendre des produits, des services et des idées. Et si les « pure players » de l’information se lancent dans l’édition de magazines, c’est bien parce qu’ils ont conscience qu’à côté de l’Internet, certaines informations et analyses ont besoin du support imprimé pour être traitées correctement.
Plutôt que de se réfugier dans des postures vertueuses qui vont à l’encontre de l’efficacité qu’ils recherchent, médias et communicants feraient mieux d’utiliser les supports imprimés qu’ils éditent pour informer leurs destinataires de réalités écologiques qu’ils ignorent et lever des préventions qui n’ont pas lieu d’être et nuisent à leur efficacité.
SEPREM ÉTUDES & CONSEIL, spécialiste des études et stratégies médias/messages
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