vendredi 10 décembre 2010

Savoir réagir à l'actualité

Une des clefs du succès des associations civiques, celles qui militent pour changer tel ou tel aspect de notre fonctionnement social, réside dans une forte réactivité à l'actualité.

Des communiqués bien argumentés, adressés par courriel aux donateurs, permettent de renforcer la pertinence de l'association et justifient les dons qui lui sont adressés.

La récente enquête de l'OCDE sur les différents systèmes éducatifs a offert sur un plateau à l'association SOS Education (dont Vincent Laarman est le délégué général) une occasion en or pour proposer ses analyses.

Leur communiqué est un bon exemple de ce qu'il faut faire.

Cher ami,
Les résultats de l'étude PISA sont sans appel : les pays qui réussissent le mieux sont ceux dans lesquels les élèves... travaillent.
L'Allemagne, longtemps en difficulté, s'est redressée depuis que les élèves ont recommencé à étudier l'après-midi.
La ville de Shanghai, qui remporte les meilleurs résultats dans toutes les matières, est un endroit où les professeurs travaillent dur, et font travailler leurs élèves. Même chose en Corée du Sud et à Singapour, en tête des classements également.
En revanche, les pays où l'on privilégie les activités ludiques, les sorties scolaires, les projets pédagogiques, les débats « citoyens », les intervenants extérieurs, s'effondrent.
Certains, comme la France et les États-Unis, voient même leur jeunesse sombrer dans des difficultés de plus en plus graves : chômage et désespoir. On le voit dans les statistiques de la drogue, de la délinquance juvénile, et des tentatives de suicide (au nombre de 80 000 par an chez les jeunes Français ; ce chiffre, dont on parle très peu, est hallucinant : c'est la population d'une ville comme Poitiers).
C'est pourquoi SOS Éducation a décidé de remettre d'urgence sur la table la question cruciale des méthodes d'enseignement dans nos écoles.
Nous devons revenir sur des méthodes fondées sur l'effort, la logique et la progression.
Et c'est pour vous demander de m'aider à interpeler les pouvoirs publics que je vous écris. Voici notre stratégie :
Notre association organise une immense mobilisation en faveur de la méthode de lecture syllabique, parce que cette méthode (par opposition à la méthode globale) est le symbole par excellence de ce qu'il faut d'urgence pour redresser notre école et sauver nos enfants. Vous pouvez écrire directement à votre député en cliquant ici.
En effet, tant qu'on ne reviendra pas à la méthode syllabique, et qu'une proportion importante d'enfants ne sauront pas lire, aucune réforme de l'école ne peut marcher.
La méthode syllabique, c'est la clarté et la simplicité : si un élève ne sait pas que B et A font BA, vous le voyez tout de suite et vous pouvez agir. Il faut faire un pas en arrière, et recommencer jusqu'à ce qu'il ait compris.
La méthode syllabique convient à tous : les enfants pauvres, les immigrés, ne sont pas désavantagés. Tous les enfants peuvent reconnaître un i, puis un T, et apprendre que T suivi de i font Ti. Leurs « difficultés sociales » ne sont pas des obstacles insurmontables.
Une étude menée pendant six ans au Royaume-Uni a démontré que la méthode syllabique augmente nettement les résultats scolaires des enfants, quelle que soit leur origine sociale.
Remettre la méthode syllabique dans toutes nos écoles, c'est réhabiliter l'idée que tous les enfants peuvent apprendre les bases, à condition de les enseigner avec méthode : on commence par les éléments simples, puis on construit progressivement, en répétant constamment ce qui a déjà été appris pour que les enfants n'oublient pas.
Ces règles de bon sens sont valables dans toutes les matières : grammaire, calcul, histoire, géographie, littérature, philosophie...
L'éducation ne peut pas uniquement se faire en jouant. Des efforts, souvent de gros efforts, sont nécessaires constamment, de la part des élèves comme de la part des professeurs. Il n'y a pas de secret.
On nous dit que ce n'est pas possible. Qu'il y a trop de chômage, d'immigration, et de violence dans les « quartiers ».
Mais savez-vous comment on s'y prend, aujourd'hui ??
Le ministère dépense des milliards d'euros pour installer des ordinateurs, des gymnases, des médiathèques, des ludothèques...
Tous les deux ans, on crée de nouveaux « dispositifs de remédiation » qui coûtent des sommes effarantes (170 000 euros par élève et par an pour les nouveaux Établissements de Réinsertion Scolaire, ERS, qu'il est déjà question de fermer, alors qu'ils ont été créés il y a trois mois).
Mais allez demander à une institutrice de CP comment elle enseigne au juste la lecture à ses élèves : leur apprend-elle que B et A font BA ?
Neuf fois sur dix, vous n'avez pas de réponse claire.
Elle vous dira: « Oh, vous savez, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise méthode, je crée moi-même ma propre progression avec des fichiers, des ateliers, et des activités. »
C'est ce qu'on leur enseigne : « il ne faut pas s'inquiéter si un enfant ne sait toujours par lire en fin de CE1, il faut attendre le déclic ». La suite, vous la connaissez.
Soit le gosse a des parents qui s'inquiètent et qui vont lui apprendre à lire eux-mêmes à la maison, avec la méthode Boscher.
Soit les parents ne s'aperçoivent de rien ou « font confiance » à l'école. L'avenir de leurs enfants est fortement compromis. Et c'est pourquoi le désastre est si vaste parmi les immigrés, dont la plupart ne savent pas que notre « Éducation nationale » ne fonctionne plus du tout comme il y a quarante ans.
Prétendre que la question des méthodes de lecture a été réglée il y a plusieurs années est le pire mensonge qui puisse être dit sur nos écoles, et le plus lourd de conséquences.
La réalité, c'est que 40 % des enfants sortent du primaire sans les bases en lecture et en écriture, ce qui représente le taux le plus élevé depuis Jules Ferry. Et c'est une conséquence directe de l'absence de méthode syllabique dans la plupart des écoles primaires.
Alors j'espère que vous allez soutenir l'effort de SOS Éducation pour obtenir que tous les enfants aient droit à la méthode syllabique en CP.
En cliquant ici, vous pouvez écrire à votre député pour lui demander d'agir auprès du ministère de l'Éducation à ce sujet.
Lorsque nous avons tous agi de cette manière contre la violence à l'école, nous avons rapidement reçu le soutien de près de 150 députés. Le débat a été élevé au niveau national et la violence à l'école est devenu un sujet de préoccupation majeure des pouvoirs publics.
Nous pouvons réussir la même chose sur la question, plus importante encore, de l'enseignement de la lecture. Mais notre seul espoir d'être entendus par les pouvoirs publics est que nous nous manifestions massivement.
Et c'est possible car nous avons la plus grande force de frappe (ce courriel est envoyé à 120 000 personnes).
Alors s'il vous plait, écrivez aujourd'hui à votre député pour lui demander de se saisir du dossier de la méthode syllabique dans les écoles, et de répercuter notre demande auprès du ministère de l'Éducation.
Votre intervention peut faire une différence décisive.
Un grand merci, au nom de tous les enfants que votre action permettra de sauver.



Vincent Laarman
Délégué général

jeudi 9 décembre 2010

Faut-il remercier ?

Récemment, un de mes clients a critiqué ma politique de remercier chaque donateur dès la réception du don et les lourdeurs logistiques qu'un tel choix implique.

— Ne serait-il pas plus simple de remercier en bloc une fois le mailing épuisé, disons quatre semaines après la réception du premier don ?

Et le client de renchérir en ajoutant :

— Tenez, voici la lettre d'une donatrice laquelle ne veut pas de lettre de remerciements car cela coûte de l'argent.

Il a raison, on trouve toujours des donateurs qui ne veulent pas recevoir de courrier au titre que le coût qu'il représente pourrait être mieux employé ailleurs.

Pourtant, tout bien pesé, je persiste et signe.

Il est préférable de consacrer un budget à ces réponses car elles contribuent à entretenir le lien avec le donateur. Surtout quand on peut accompagner le texte d'un ajout manuscrit qui tient compte de l'historique du donateur ou qui répond à une lettre ou à une mention rédigée par lui sur le bon de retour.

Mais voilà, on ne peut dans ce cas sous-traiter la gestion du courrier à un prestataire qui n'a pas se souci au cœur de sa politique. En outre, comment confier la tâche de rédiger un petit mot à une employée de saisie ?

Dur, dur…

La moins mauvaise solution consiste à discriminer les dons selon deux critères : niveau de don et communication.

C'est ainsi que je suggère de fixer un seul de personnalisation, entre 50 et 100 euros selon les associations. Au-dessus de ce seuil, on accompagne toujours la lettre de remerciements par un ajout manuscrit à l'encre bleue dans le style : « Cher Monsieur Untel, je suis touché par la générosité de votre don. Sachez que des gestes comme le vôtre contribuent à… »

Enfin, tous les retours contenant une communication : petit-mot, post-it, lettre, ajout manuscrit, anecdote, etc., dont également discriminés. La lettre de remerciements est complétée par un texte qui accuse réception et répond.

C'est facile à faire pour les associations petites et moyennes. En revanche, comment rédiger ces courriers lors que l'on reçoit des milliers de dons par semaine ?

Le seul moyen de s'en sortir est d'organiser des ateliers courrier dans lesquels sont mobilisés des militants, des donateurs proches du siège.

Voilà, encore faut-il que l'association puisse compter sur plus de monde que le secrétaire général, le président et le trésorier. Je connais quelques cas qui seraient bien en peine d'y parvenir.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici ce qu'en pense Ken Burnett. dans un article publié par le magazine Third Sector.



Now, say thank you nicely
The donor is always right. Except when she’s wrong.

It’s always a challenge when a publisher asks you to write an opinion on a complex subject in just 500 words or less. The splendid Third Sector magazine originally asked me for just 100 words on the theme of why I think we should always say thank you to our donors. I asked for more because this is an important issue, one that merits more air time because it not only effects how people view us, it also reflects how serious we are about building mutually advantageous relationships with our donors. Anyway, here’s my first 500 words.

Whether you agree with what Dan Pallotta was saying at the IoF Convention plenary or not, it’s hard to ignore his main point. The British public is massively illogical in how it views any expenditure by charities, particularly when investing in building their businesses. As Felicity Donor’s widely shared if illogical comments show – you can read them opposite, or here.

Felicity says ‘Charities shouldn’t waste a donor’s money on fluffy thank-you letters.’ In her book Tiny Essentials of Raising Money from Foundations and Trusts, Jo Habib says ‘Any fundraiser who doesn’t thank donors properly is an idiot as well as rude.’

I’m with Jo, vigorously. Of course it’s rude not to acknowledge every gift. And while at it to reassure the donor that it’s been put to the use intended. Only a fool is persistently rude, particularly as our business is building relationships for profit. But it’s a real fool who throws away money. The simple fact is that an appropriate thank-you letter is perhaps the best fundraising opportunity of all. If you would convert a donor to regular giving, it’s a no-brainer. Prompt response properly acknowledging the gift gets a new relationship off to its best possible start. And it cements existing relationships. Imagine if, as a child, you never acknowledged to granny and your aunties the socks or diaries they unfailingly provided, year in, year out.

No more socks and diaries. Ever. Or generous bequests, later.

This is the blindingly obvious. The commercial value of prompt and careful thanking had been shown time and time again. Of course, it has to be done properly. Whatever they say, the only reason a donor might think that a charity should not send a polite note of thanks is because we’ve allowed him or her to imagine otherwise. We are fools for not rectifying this misconception, quickly.

line

That some donors share Felicity’s views
is our fault, not theirs.

line

Felicity can take comfort from repeated ‘mystery tests’ that show many fundraisers agree with her, not Jo and me. Mystery tests consistently illustrate that as a profession we are truly crap at saying thank you and welcome properly and at reassuring donors that their gifts have been safely received and wisely applied. Is this something to be proud of? We wonder why we can’t keep our supporters, why, as Adrian Sargeant says, ‘Building donor loyalty is the biggest challenge facing our sector today.’ There’s little enough pleasure in being a donor. Perhaps we get the loyal donors we deserve.

That people still share Felicity’s view is our fault, not theirs. Some charities persist in saying, ‘We’ll only thank donors for gifts above £10.00’, or whatever. Or only if the donor asks for it. So the unappreciated donor can hardly be blamed for leaving the residue of their estate to some other, more polite and perhaps more deserving cause. Of course I don’t want to inconvenience my children by asking that they write me thank you letters for my sacrifices in their direction over the years. But if they don’t show appropriate appreciation, I certainly won’t do it again.

© Ken Burnett 2010

lundi 6 décembre 2010

Vendre de la bonne conscience

U jeune homme tiré d'affaire grâce à vos dons.

Le monde autour de nous est parfois désespérant. C'est notamment le cas lorsque nous sommes confrontés à des situations qui heurtent nos convictions humanistes.

La vilenie des hommes, même lorsqu'ils sont victimes, l'incapacité de certaines sociétés à s'organiser, à sortir de la barbarie, interpelle nos certitudes.

La réaction de la majorité des donateurs est souvent la fuite devant la réalité. En offrant un don ils échappent à la nécessité de connaître le pourquoi et le comment.

Dans cet article de l'Independent consacré à l'action de l'association caritative britannique Bernardo au profit des enfants difficiles, on sent très bien que le journaliste présente le cas de ce jeune noir dans l'optique traditionnelle des gens de gauche.

La lecture de l'article met en lumière les mécanismes de la lettre destinée à un public plutôt conformiste. A aucun moment l'auteur ne s'interroge sur la responsabilité des personnes impliquées dans les malheurs qui les accablent.

C'est la faute à la société et cette société est incapable d'arranger le coup.

La seule solution vient de l'implication d'une association caritative.

Adrssez-nous votre don aujourd'hui même.

Ben's mother couldn't save him. then Barnardo's stepped in...

How do you stop black boys from the Leeds district of Chapeltown graduating to a life of crime? Jonathan Brown finds out


When Ben Wilson's behaviour started to go badly awry soon after his 13th birthday his mother tried the usual remedies. She read books about dealing with adolescents, set out rules, offered incentives and drew up progress charts, but the calls kept coming from school complaining about his threatening attitude.

Although at home everything seemed to be going well, once he was inside the gates of his high-achieving school it was another story. "I was having fights and disrespecting teachers and other people and being totally out of order. I was shouting and swearing and being abusive. I felt no one listened to me and I felt frustrated because when I had a problem no one would do anything about it," explains Ben.

His mum Deanne, a qualified teacher, was perplexed and horrified in equal measure. Nothing seemed to work and the stresses on the family were intolerable. She was called to collect Ben so many times that she had to quit her job. "You think, 'I am a teacher and this shouldn't be happening to me,'" she says. "It felt really frustrating. I did everything but there was no place I could go for help. When I asked my doctor if there were any referrals they said mental health, but I thought that was too drastic."

Ben's behaviour deteriorated to an unacceptable level. By year nine he held the school record for the number of detentions and "inclusion" sessions where he was taught apart from his classmates, but the final straw came when he threatened a member of staff. "A teacher got in my face and I told him to get out before I hit him," he admits. Ben was told he would be permanently excluded from school.

The Wilsons knew this would have disastrous implications for a young man who, despite aggressive behaviour towards his teachers, was a caring brother and son and highly intelligent. "A lot of it was pride," he recalls. "There was peer pressure from my friends. I didn't want to look like a chump in front of them. When I put my hand up the teachers ignored me so I'd shout and they would say, 'Shut up.' I let that get the better of me."

Luckily for Ben his school and parents worked together to find an answer. Reach is a project started by the community in the Chapeltown area of Leeds in 1994 to help black youths stay away from crime after being excluded from school.

The inner-city area has in the past been blighted by rioting and poverty still has high levels of unemployment among its well-established Afro-Caribbean population. Today Reach, which is funded by Barnardo's – one of the three charities in this year's Independent Christmas Appeal – deals with adolescent boys and girls aged 11-16 from all backgrounds although the majority are still from black and ethnic minority families.

Its service manager Ian St Rose has seen a lot of youngsters like Ben cross his path. Many are angry, many are confused, he says. "Some have been holding everything in for so long they are like a bottle of Coke that has been shaken up and they are ready to explode," he says.

Those referred to him undergo a 12-week course. Typically nine or 10 youngsters use the service four days a week, during which they are steered away from drugs and crime and learn to evaluate their lives and the impact their actions are having on their futures. All aim to leave with a qualification and credit towards their GCSEs plus improved self-esteem and better behaviour. Nearly all return to education.

For many it is the first time they have come across young black teachers who can relate to them. Others simply need to hear the positive message from someone they respect outside their own family.

A lot of young people resort to reinforcing the stereotype of the inner-city kid as their only way to exert power, says Mr St Rose. "Young people are exposed to so much more from the media and peer pressure. We are trying to get some balance for them."

Two years on, Ben is back in school studying for 14 GCSEs and, assuming he doesn't play for Manchester United, he wants to be a pilot. "At Reach there were kids like me. The staff said it was my life and no one could ruin it except me. They said the teachers can make or break you but it is up to you. The teachers there were different. They didn't call us children but treated us like young people. They made you feel respected," he says.

For his mother Deanne, Ben's transformation has been life changing: "He has matured and has realised his mistakes. Without Reach he would have ended up permanently excluded. Now he is getting cards that say 'well done'. He is doing exceptionally well."

The charities in this year's Independent Christmas Appeal

Children around the world cope daily with problems that are difficult for most of us to comprehend. For our Christmas Appeal this year we have chosen three charities which support vulnerable children everywhere.

* Children on the Edge was founded by Anita Roddick 20 years ago to help children institutionalised in Romanian orphanages. It still works in eastern Europe, supporting children with disabilities and girls at risk of sex trafficking. But it now works with Aids orphans in South Africa, post-tsunami trauma in Indonesia, disturbance in East Timor and Burmese refugee sex slaves in India and Thailand. www.childrenontheedge.org

* ChildHope works to bring hope and justice, colour and fun into the lives of extremely vulnerable children experiencing different forms of violence in 11 countries in Africa, Asia and South America. www.childhope.org.uk

* Barnardo's works with more than 100,000 of the most disadvantaged children in 415 specialised projects in communities across the UK. It works with children in poverty, homeless runaways, children caring for an ill parent, pupils at risk of being excluded from school, children with disabilities, teenagers leaving care, children who have been sexually abused and those with inappropriate sexual behaviour. It runs parenting programmes. www.barnardos.org.uk