samedi 19 novembre 2011

Succès sans précédent pour l'Institut pour la Justice

Selon mes sources, la campagne de recueil de signatures lancée par l'Institut pour la justice est un succès sans précédent. La rumeur prétend sur leurs serveurs maison ont saturé et qu'ils ont dû faire appel à des prestataires extérieurs.

Selon un communiqué de l'IPJ, le « Pacte 2012 pour la Justice », lancé seulement depuis dix jours sur Internet, a franchi hier le cap symbolique des 750 000 signatures du pacte écologique de Nicolas Hulot. Le 18 novembre, le compteur indiquait 850 000 signatures traduisant ainsi un engouement citoyen inédit motivé par la qualité irréprochable du message envoyé par mail et qui a été diffusé viralement dans le net. A l'heure où j'écris ce blog, le compteur a dépassé 992 000 signatures. Le million n'est pas loin.

Toujours selon le communiqué, le vidéo témoignage d’un père de victime Joël Censier accompagnant les propositions du Pacte 2012 contribue à sensibiliser chaque citoyen à l’état actuel alarmant de la Justice en France. Joël Censier appelle à se mobiliser pour une réforme en profondeur du système judiciaire afin de rééquilibrer la Justice en faveur des victimes en signant le Pacte 2012. Ce Pacte, constitué de cinq propositions d’intérêt général, a été élaboré par des experts (magistrats, avocats, juristes, psychiatres) et a pour objectif de garantir à chacun le droit à une Justice équitable.








L'Institut pour la Justice a ouvert un site dédié qui est un modèle du genre. Simple et efficace. A gauche de l'écran, les échos presse; au centre, les personnalités qui soutiennent le Pacte (dont le très médiatique Gilles-William Goldnadel); à droite, l'actualité et la possibilité de télé charger le dossier complet.

Parmi les échos presse, en voici un sur RTL qui mérite l'oscar de l'attaché de presse.


La mécanique de signature du Pacte est parfaitement étudiée. Le pétitionnaire est encouragé à donner son adresse. Quand on sait le mal que l'on a en France à accéder à des fichiers de personnes motivées, l'IPJ et sa maison mère ont réussi à mettre la main sur un trésor digne des mille et une nuits du marketing direct.

Évidemment, les esprits chagrins ne manquent pas.

La presse d'extrême-gauche s'en donne à coeur joie : Rue89,

Le blog de maître Eolas est sévère avec le Pacte, mais il fait l'effort de l'analyser en détail.

Voici l'introduction de son long post :

Depuis quelques jours, un appel à signer un “Pacte pour la justice” en vue de l’élection présidentielle de 2012 circule sur internet, émanant de l’Institut pour la Justice (IPJ), que mes lecteurs connaissent bien, hélas pour eux.
Dans un premier temps, j’ai consacré à cette initiative le traitement que je réserve à toutes celles de l’IPJ, c’est-à-dire mon plus profond mépris.
Mais je dois reconnaître que l’IPJ est en train de réussir son coup, avec sa méthode habituelle : mettre en avant la douleur d’une victime qui se défend de mettre en avant sa douleur, des affirmations que rien ne vient étayer si ce n’est la parole de la victime, étant entendu que quiconque est contre est un salaud qui méprise la douleur d’un père, un droitdel’hommiste bobo naïf, et bien évidemment l’ami du crime.
J’ai quand même été quelque peu soulagé de constater que sur la centaine de personnes qui m’ont signalé ce lien, la plupart avaient une approche méfiante et voulaient des explications. Car des explications, ce fameux message n’en contient pas le début d’une. Le lire avec un minimum d’esprit critique ne peut que révéler cette évidence, mais vous allez voir qu’il est fait justement pour neutraliser d’entrée votre esprit critique.
Puisque la justice, qu’invoque l’IPJ, mais seulement dans son intitulé, exige un débat ou chaque point de vue peut s’exprimer, je vais donc répondre à ce message, par des faits, des explications, des arguments, bref, par la Raison. Je suis désolé de devoir apporter une réponse critique à Joël Censier, dont je ne puis que comprendre la douleur et la colère, c’est une position que je n’apprécie nullement. Mais c’est lui qui a choisi de porter son histoire dans un débat public et d’en faire un argument politique. Je respecte ce choix, mais il entraîne des conséquences, dont celle de devoir supporter la critique.
Commençons par une analyse du propos de Joël Censier, avant de terminer par une analyse de la démarche de l’IPJ, dont je rappelle qu’il n’est ni un Institut, ni pour la Justice, mais une simple association de 1901 essayant de promouvoir des thèses ultra-répressives sous un vernis pseudo-scientifique, qui revendique sur son site “400 000 sympathisants” mais non adhérents, c’est à dire des gens dont l’implication a été un clic sur internet mais dont aucun n’a souhaité verser la moindre cotisation. Les candidats sollicités feraient bien de s’en souvenir.

Liree la suite sur son blog.

Et l'IPJ lui a répondu point par point.

Maître Eolas n’apprécie pas les propositions du Pacte 2012 pour la Justice. C’est son droit.

Mais plutôt que d’expliquer en détail en quoi ces propositions seraient inappropriées, il se livre à une attaque en règle du témoignage appelant à signer le Pacte – le témoignage de Joël Censier, dont le fils Jeremy a été tué en 2009.

L’intégralité du témoignage de Joël Censier est vrai et authentique. Il est partie civile au procès et a donc accès à l’intégralité du dossier d’instruction. Le billet de Me Eolas, lui, est rempli de contre-vérités parce qu’il est extérieur à l’affaire et n’a pas accès au dossier :
  • Son billet est truffé d’erreurs factuelles et de mise en doute éhontée de la véracité du témoignage d’un père de victime
Dès le début du billet, Maître Eolas prétend par exemple que « il est manifestement impossible que l’agresseur de Jeremy ait su que son père était policier puisque les faits ont eu lieu à Nay et que Jérémy habitait dans le Gers à 200 kilomètres de là ».

Pourtant, la réalité est que deux des mis en cause connaissaient Joël Censier et Jeremy (le juge d’instruction a d’ailleurs été extrêmement surpris lorsque Joël Censier les a reconnus sur les photos qui lui ont été présentées).

Autre exemple, Maître Eolas dit « Cette anecdote est curieuse » et dit « prendre ces affirmations avec des pincettes » quant au fait que Joël Censier se soit vu présenter une convocation à la gendarmerie lors de la reconstitution. C’est pourtant la stricte vérité et cette mise en doute n’honore pas Me Eolas.
  • Loin de « dramatiser » la situation, Joël Censier a au contraire atténué la dureté des faits, par pudeur
Maître Eolas parle de « dramatisation ». Ainsi, il conteste le terme de « barbarie inimaginable » dans les termes suivants : « En réalité, Jérémy Censier a reçu cinq coups de couteau dont deux mortels et des coups de pied une fois au sol. Voilà pour la « barbarie inimaginable ».

Chacun jugera si ces seuls faits relèvent ou non de la barbarie, mais précisons que Joël Censier, par pudeur, s’est gardé de dire qu’un témoin avait vu l’un des jeunes sauter à pieds joints sur la tête de son enfant.

Autre fait non mentionné dans la vidéo, et qui aurait été utilisé si le but avait été de « dramatiser » : les aveux du principal suspect ont été annulés, pour vice de procédure, et ne pourront plus être utilisés contre lui.

Ce n’est pourtant pas un « petit » dysfonctionnement. C’est un coup de tonnerre, une décision sur laquelle  va s’appuyer l’avocat du présumé tueur pour demander l’acquittement de son client.
  • Le seul élément fondé du billet de Me Eolas est de dire que Joël Censier n’utilise pas, à un moment donné, le terme juridique approprié
Joël Censier parle d’une « demande de mise en état du dossier », alors qu’il s’agissait plutôt d’une demande de passer en revue l’instruction.

Voilà pour les faits.

Sur le fond, Me Eolas juge parfaitement normal le fonctionnement d’une Justice qui remet en liberté, sans contrôle judiciaire dans un premier temps, un meurtrier présumé pour la simple raison que des délais de procédure n’ont pas été respectés. C’est son droit, mais c’est le cœur du désaccord avec les soutiens du Pacte 2012.

Pour Joël Censier, pour l’Institut pour la Justice et pour tous les soutiens du Pacte 2012, c’est au contraire le signe d’une Justice qui a perdu de vue sa mission première de protection des citoyens.

Or seule une réforme en profondeur du système judiciaire pourra rééquilibrer la Justice en faveur des victimes : c’est l’objet du Pacte 2012. Et c’est précisément ce qui relie l’affaire Censier à ce Pacte 2012 : la nécessité de reconnecter la Justice aux préoccupations des citoyens.

Pour en savoir plus :

Réaction de Joël Censier au billet de Me Eolas

" Je voudrai dire à ce Monsieur que durant toute ma carrière de Policier, j’ai été l’objet d’invectives en tout genre, tant sur la voie publique, qu’à l’intérieur-même de nos locaux. Je n’y ai porté aucune importance, car nombre d’entre ces gens se trouvaient en situation d’alcoolisme avancé, voire en position sociale pitoyable ou en situation de flagrance délictuelle, voire criminelle.

Leur brutalité verbale les amenait  à déverser leur venin sur les représentants de l’ordre, une manière, somme toute, exutoire qui faisait retomber la pression qui pesait sur eux avant une éventuelle interpellation en règle.

C’est une première que celle d’entendre et de lire les propos vexatoires d’un individu dont l’intelligence, pour un homme qui se dit, homme de loi, s’est arrêtée au niveau bien en-dessous de ce que j’ai pu rencontrer dans ma carrière professionnelle. Chapeau bas à l’homme de loi dont la notoriété intellectuelle, dans le cas d’exemple, se situe à hauteur du caniveau parisien."

En guise de conclusion

Dans ce blog, modeste, consacré au fund raising, je ne m'attarde pas sur le fond des propositions, mais m'intéresse davantage à la technique mise en oeuvre.

Sur ce plan, le travail de l'Institut pour la justice est remarquable. Les résultats de leurs actions sont là pour en témoigner.

 La mobilisation des pétitionnaires témoigne de la sensibilité de l'opinion sur la question de la sécurité et indique le déphasage des faiseurs d'opinion par rapport aux citoyens.

L'Institut pour la Justice est le révélateur d'un sentiment de manque de justice dont les politiques doivent tenir compte.




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